APPRECIATION












Loin pourtant
L'épaisseur rugueuse de la peur d'être
La peur ruineuse d'être
Son épiderme retourné sur lui-même comme un gant
Loin, la peur de la disparition dans le prolifique incommensurable





2012





SOUVENIR









Tournant le dos aux vociférations scintillantes
Et à leurs lendemains doux-amers
Les hymnes se sont noyés dans l'indifférence des eaux
La gorge lavée d'insouciance a converti le miel des cantiques
L'Océan seul est le Divin Enfant





Noël 2012












EMPRISE









Ventre
Dos
Cou
Front
Cuisses
Reconvertis aux odeurs animales
Ruissellement
Exsudation
Nuées salées
Débordements
Mon corps me liquéfie
Corruption
Les matières m'écoulent
Partout des adhérences aux fibres
Partout des copulations imprévisibles
Mon corps me glisse entre les doigts vers ses marges
Le repos  mouillé de ses fermentations
Mon corps me fuit
Ventre
Dos
Hanches aussi
Une flaque de sueur qui n'est plus tout à fait moi.






2012





VESTIGE











L'impulsion végétale envahit les affaires, l'homme la longe
Gravide de cette offre qui le comble à cent quatre-vingts degrés
Le miroir sombre de sa présence équivoque
Prolifération inapaisable des floraisons guettant, au plus large ciel possible
Le temps de nouveau touché des matrices éternelles
La route la traverse, bénigne, abêtie de présent
Elle disparaîtra en son heure
Étouffée sous un compte-à-rebours enfin devenu plat




2012 





SAISISSEMENT









 
L'air s'est déplacé
Les sabres de la fournaise à poser sous nos pas
Le soleil a été cruel à nos yeux
Sa présence radicale nous égare
Où donc s'oublier sous sa juridiction maléfique ?




2012






AUSPICE










Le front chaud
La voix rauque des colères rentrées
L'océan bascule vers l'irascible
Somptueux sous l'arbitraire de sa laque imprévisible
Prêt à tout
Le ponton jette quelques plongeurs à sa ténébreuse impatience






   Plage du Diamant 2012
                                                          


CONTAGION













Parfois le peuplement des mondes cède sous l'impératif de la couleur
Seule reste suspendue dans l'attente d'une nuit suprême
La limite organique du Bleu




2012





REPRODUCTION











Roulant encore sur cette autoroute aussi chargée que les coronaires d'un lendemain d'orgie
Soudain s'est abattue l'habitude sur la tentation de voir
Comme sont rapides à disperser l'ozone les affaires quotidiennes !
J'appuie ma tête oublieuse sur la bouche des flamboyants jonchant l'indifférence
Lissant de leur passion de velours les écailles des jours





Septembre 2012