REPLI




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Il faudra alors laisser travailler la mémoire
Traîtresse, traînée
Il faudra accepter l'inconnu de la trace
Et de l'incroyable douceur des soirs
Laisser se subvertir la trace
Il y aura de la lumière abandonnée
Et du vent, si tiède qu'il sent le sucre
Et de la nuit profuse
Et ce moment
Serré à ras le grand océan
Venu s'abriter au creux de la certitude
Des bétons et des cris d'enfants
Il faudra accepter la lâcheté de la mémoire
Accepter que ce qui fait l'innommable 
Soit, comme ça
A coup de jours et d'inconstance
Réduit à pire que rien
Un souvenir







Août 2017





CONGEDIEMENT






Il faudra précautionneusement replier la chaleur
La maintenir, ramassée et huileuse
Au cas où
Au cas où les épaules
Lui donner un lieu saint au creux de la mémoire
Et sans un mot, sous les paupières closes
L'honorer sans répit
Au fond de chacun des pores de la peau qu'elle cuivrait
Il faudra désapprendre à s'épandre
Se resserrer et s'étonner
De presque supporter
Tous les gris
Les vents
Les pluies
Les claquements des thermomètres
Prévisibles en janvier
Sans blêmir
Il faudra limiter l'idée des bienfaisances
Celle aussi des pénétrations d'un soleil
Disponible, disposé, patient
Résister aux célébrations surannées
Omettre la souvenance
Quand le ciel s'éventrera sur un lit de mercure
Distant, discret, mutique
Loin le point où les jambes étaient nues
Les mains moites et lâches au toucher
Et l'oubli des saisons




Août 2017