EMPREINTE












Si la lumière est possible
Elle pullule
Il ne faut qu'un rudiment d'attente
Pour que le ciel se couche de tout son long
Sur le corps nu foisonnant
L'humeur distraite et lâche
Posée en voile sur un ancien pardon
Si la lumière est possible
Elle irise les gènes appauvris
Réveille au nord les ocres sans défaut
Y fondre l'odeur
D'une sueur étrangère
Y fondre l'oubli
Des basses terres
Sans rien craindre d'avoir perdu
Dans la brutalité de l'étreinte
Le dernier mot






Novembre 2013


PENSEE




Le temps glisse le long du baudrier de mes mains humides
Évite les frottements de la corde aux rochers
J'ai ancré les battements de ma ténébreuse isolation
Au rythme d'un appel







2013





TIRAGE





Chaque soir s'impose leur mêlée assourdissante
Les millions de gorges coassant sans faiblir à nos survies
La nuit ne tombe plus
S'accroche au ciel par vagues fulgurantes
Et douces
La nuit s'extrait du sol
Se crée chaque soir
Au toucher des mousses et des archanges fatigués
Le rouge n'est plus une couleur





2013

PRESSION





Sous la chaleur sans mansuétude
La peau coule
Dans la lymphe archaïque, les sels se diluent
Parfum de viennoiserie chaude
L'entre-jambe à l'odeur d'humus
Fragrance indigne
Le règne des mucus  appelle à l'animal





 2013







APPRECIATION












Loin pourtant
L'épaisseur rugueuse de la peur d'être
La peur ruineuse d'être
Son épiderme retourné sur lui-même comme un gant
Loin, la peur de la disparition dans le prolifique incommensurable





2012





SOUVENIR









Tournant le dos aux vociférations scintillantes
Et à leurs lendemains doux-amers
Les hymnes se sont noyés dans l'indifférence des eaux
La gorge lavée d'insouciance a converti le miel des cantiques
L'Océan seul est le Divin Enfant





Noël 2012












EMPRISE









Ventre
Dos
Cou
Front
Cuisses
Reconvertis aux odeurs animales
Ruissellement
Exsudation
Nuées salées
Débordements
Mon corps me liquéfie
Corruption
Les matières m'écoulent
Partout des adhérences aux fibres
Partout des copulations imprévisibles
Mon corps me glisse entre les doigts vers ses marges
Le repos  mouillé de ses fermentations
Mon corps me fuit
Ventre
Dos
Hanches aussi
Une flaque de sueur qui n'est plus tout à fait moi.






2012





VESTIGE











L'impulsion végétale envahit les affaires, l'homme la longe
Gravide de cette offre qui le comble à cent quatre-vingts degrés
Le miroir sombre de sa présence équivoque
Prolifération inapaisable des floraisons guettant, au plus large ciel possible
Le temps de nouveau touché des matrices éternelles
La route la traverse, bénigne, abêtie de présent
Elle disparaîtra en son heure
Étouffée sous un compte-à-rebours enfin devenu plat




2012 





SAISISSEMENT









 
L'air s'est déplacé
Les sabres de la fournaise à poser sous nos pas
Le soleil a été cruel à nos yeux
Sa présence radicale nous égare
Où donc s'oublier sous sa juridiction maléfique ?




2012






AUSPICE










Le front chaud
La voix rauque des colères rentrées
L'océan bascule vers l'irascible
Somptueux sous l'arbitraire de sa laque imprévisible
Prêt à tout
Le ponton jette quelques plongeurs à sa ténébreuse impatience






   Plage du Diamant 2012
                                                          


CONTAGION













Parfois le peuplement des mondes cède sous l'impératif de la couleur
Seule reste suspendue dans l'attente d'une nuit suprême
La limite organique du Bleu




2012





REPRODUCTION











Roulant encore sur cette autoroute aussi chargée que les coronaires d'un lendemain d'orgie
Soudain s'est abattue l'habitude sur la tentation de voir
Comme sont rapides à disperser l'ozone les affaires quotidiennes !
J'appuie ma tête oublieuse sur la bouche des flamboyants jonchant l'indifférence
Lissant de leur passion de velours les écailles des jours





Septembre 2012




EFFET










Face aux flots
Femmes, hommes s'allongent
Femmes, hommes se relèvent
Femmes, hommes suant leurs appétits
Pliés sous les instances de la pénitence
Ils épuisent leurs péchés, ceux d'hier
Dans le sermon radical de la chaleur
Dos au parking saturé sous la seule ombre joignable
Ceux de demain, leurs corps s'envoûtent à l'effort
Traquent l'éternité
Hommes, femmes courent jusqu'au bout de la baie
Insensibles à la densité des appels gémis par les fonds sous-marins.




Un dimanche, Plage du Diamant

2012


REPERCUSSION













Le temps de la conservation de soi 
S'absorbe dans les ordres vibrants
Du conquistador aux épaules d'airain
 Accostant aux terres bénies de la sveltesse
Des hordes de corps se tendent
Enflammées par l'effort
Les faces humides tournées vers le puissant
Au rythme de sa volonté sans faille
Les muscles luisants roulent
Engloutis  sans écho dans le ronflement de l'océan.





Un dimanche, Plage du Diamant

 2012








INCIDENCE








Avant de se blottir entre ciel et eau
L'heure touche du doigt la luxure
La lumière court à sa perte
Et les derniers mots du jour sont des cris de vengeance
La mer Caraïbe s'allonge sous un seul nuage
Il lui fredonne un chant fatal




2012







RAYONNEMENT








Je m'enfoncerai lentement dans les états d'âme des lézards verts
Jusqu'au silence
De plus en plus bas vers l'étonnement
Celui des excès peu tangibles
L'abondance des cohues
Les chocs infiniment reconduits des paroles exténuantes
S'éclipseront sous la vigilance muette
De l'effort minéral
Tête en bas, absorbée par l'attente qui me contient
J'irai entrouvrir le temps sans arabesque
Il me privera du superflu avec une générosité sans borne
L'absence de fin
Le mouvement tragique des pas du tylocéphale.







2012