RÉPERCUSSION




Suspendu légèrement au-dessus des volontés
Un effet cabre l'air
Confort d'une excitation de la peau toujours chaude
Dévotion sans sangle à l'animé
Une joie brutale et résistante
Dans l'appel au mouvement, le soin disponible pour qui sait oublier
Le pharmakon des Alizées, plus autre chose
Un heurt entre la plasticité du corps noir et son année tropique
Les secousses resteront massées sous la candeur du ciel 








Décembre 2014 




ÉTONNEMENT




Les  actes des forges s'annoncent, sans fumée encore
Tremblement qui guide son onde jusqu'à la moelle épinière
Son champ d'action
Plus fort, un jour
Un jour la terre vomira
Les secousses feront s'interrompre les gestes
Suspendront les allers
On attend en souriant que son agacement passe
L'ampleur possible n'est pas encore tracée
Ne laisse que la sensation d'inconnu tout autour
La vibrance dans chaque cellule
De longues minutes après le dernier sursaut
Un avertissement pour les orgueils oublieux.






Décembre 2014

Secousse séismique






TEINTURE





L'eau enfin libérée par sa patience a lavé la chaleur
Le soleil est doux
La petite fille des dimanches tape dans son ballon
Pour assommer l'ennui sous le rythme obsédant des grandes ambitions
L'air est filtré par l'attente
Elle demeure un peu grise,  fumeuse sur le haut des collines
Le soleil a rentré ses armées pour le soir
Le soleil est doux



Septembre 2014





SORTIE




Mon sang était à marée basse, retiré autour du seul îlot encore visible
Engourdie, je dormais le jour et creusait la nuit
Prête à repousser tout intrus en baissant simplement les paupières
Le retour à la surface se fait par pulsations
J'écarte les ombres d'une main
Avec précaution les pieds explorent un point au loin, en brillance
Courir est un quatuor
Le picotement dans les veinules repousse l'andante au bout des doigts
Il finira sur le dos, flottant
Eau ou larme emportées le long de la joue vers le silence des profondeurs
Abandonnée un instant ma lourdeur informe
Aux bras moelleux, tendus de l'Océan



Juillet 2014



ACTION






L'air sature d'argile
L'hygrométrie a abandonné son poste
On s'écoule
On s'enfourne dans la touffeur
Dedans dehors s'enlacent avec passion
La salive coule le long des murs
Les aisselles suintent sous la moiteur
Des pièces de corps flottent sur les lits culbutés
Par compassion une brise d'urgence
Embrasse les bouches entr'ouvertes
Dernier sursaut avant la liquéfaction
Tous nos organes attendent l'orage
Il ne vient jamais
Nus et délavés
On le sait




Juillet 2014
Saison cyclonique












AIR





Lourde et saturée la voûte s'écrase enfin
Sous la pression maligne des vents venus d'ailleurs
La lumière fond
Les fautes impunies s'écoulent dans une humidité oublieuse
Tous se taisent
Le cyclone s'immole en pleurant
Par brassées fertiles les masses d'eau pivotent
Le centre s'est liquéfié
Les murs ondulants l'absorbent
Pluie sans but autre que sa chute
Son arrogance éphémère, sa susceptibilité
Un retour vers les sofas bibliques encore moites
Rejoué chaque saison, l'air se sature à l'envers



Juillet 2014

Saison Cyclonique





INFLUX













Il en va de la lumière
Comme du désintéressement sans limite des eaux
Allouées au soin du ressentiment
Pour qui sait toucher sous leur présence urticante
La soie prophylactique des préséances.





Mai 2014









ENTRAÎNEMENT




Peu d'espace abandonné au tempo lent du morose
Les dents mordent jusqu'à la pure blancheur
Les sourires sont une monnaie d'échange
 L'énergie s'éparpille dans les éclats des rires
Aspergeant le doute
Les sourires sont un bain moussant
Les pieds durs au sol chaud de tant d'histoire maligne
La matière des liens fluide
Les sourires sont un code secret sans mystère










Avril 2014





APPLICATION







La nuit s'assied
A son front tremblent les boucles sèches des Mornes
Pour un temps la nuit monte
Dans une douceur suspecte, elle se penche
Se laisse à peine heurter par la voix des chiens
La nuit entre en transe, c'est une célébration
Tire vers le bas chaque seconde
Puis aplatit son rêve dans un grincement inquiet, la ponctualité niaise
De grenouilles s'éveillant à elle par milliers



Avril 2014

 19  heures







DECALQUE








Les arrondis de l'Île s'appuient sur mes hanches
Je m'y déplace en fermant les paupières
Les espaces furtifs ont cédé place aux lianes
Assagie, je m'y tiens
Mais le temps presse, à quand la brûlure des limites
Le bout de rien une fois atteint
A quand la poussée vers l'exquise inconnue
Puis le besoin du saut à vide et les parfums du neuf
Ici et là sont presque à mes pieds
Prêts pour l'usage
Le contamination de l'étrange a perdu ses plissements
Le front est plat devant  l'appel des mœurs lentement entr'ouvertes
Le paisible moment du compagnonnage
Me salue à chaque frôlement
Je ne suis plus perdue pour personne
La visite est finie
Dans quelques heures à peine commence le bal








Mars 2014












MAINMISE






 
La nuit, épaisse comme un dernier soupir
S’entrebâille à la route, sans plus
Chaque virage précède un virage  
Chaque virage est un angle improbable
La  main tremble : retenir dans le vent tiède son souffle
La fin est floue
La tension pointue aux pupilles impuissantes
Montent dans une courbe inattendue
Les forces brutales du sol que la voie pénètre 
Le murmure des millénaires accroupis
Nous allongés, roulant au centre du cycle sans fin
Nous agités,  écrasés sous son ogive impénétrable
Dans l’obscurité indifférente le temps s’extrait du sol
Chaque  feuille soupire.




Janvier 2014
22 heures

Le Marin Le Robert par les terres