APPUI








Presque hors champ, le soleil s'est enfin contracté
Restent les brises ondulantes et l'appétit
Levant leur verre à la laideur d'un couple qui passe
Leurs jeunes corps dégoûtants d'inconsistance déchirent l'indolence
Puis s'estompent sous une bourrasque hygiéniste
Aux jours sereins levant leur verre
Lissant autour de ma lèvre
L'effronterie du beignet de morue












Fort de France
Décembre 2015








DOMINATION










Tout s'est brutalement replié
Et on a attendu
On le savait
La fin viendra et sa rémission
De l'eau est tombée sur les sols par millions 
De l'eau vidant le ciel mat pendant des heures
Brassant dans ses mains les sols et les peurs
Le ciel s'explose
Et goutte infinie tout en-bas
La créature estomaquée songe
Les femmes enlèvent leurs sandales
Et glissent leurs talons au fond des flaques jaunes
Elles pissent debout au centre des parkings
Ouvrant bien large
Pour qu'ils leur pardonnent
Leurs cuisses grasses aux dieux








Inondations
Novembre 2015



ATMOSPHÈRE













Il a fallu ramener à soi la terre d'antan, grise
La vieille terre humide, décolorée derrière les feux d'automne
Il a fallu visiter les passions d'avant et leur frémissement sur les vitres
Voir et taire l'immobilité du temps
L'immobilité imperceptible
Puis revenant en arrière, son déplacement vers l'Orient
Et dès que l'atmosphère et sa nuit bleue m'ont atterrie
Sentir, placée au fond des gestes multiples du retour
La présence d'un état de fait
Une simple familiarité, conquise il semble
De part et d'autre de l'île matrice
Jusqu'alors
C'est ici que je vis maintenant







Octobre 2015

Retour du retour en France

IMPORTANCE












Dans quelques jours
Le retour aux terres plates
Le flou des appartenances malaxé dans l'avion
Et au sol, l'air frais des vieux continents défaillants
Le retour aux odeurs grises
Aux bruits assiégés des villes humides
Le regard frôlant les vies continuées d'avant
 Obstinément absente la nostalgie
L'ennui, obstinément absent de l'évidence
D'avoir bien fait d'aller un peu plus loin






Vol Fort de France Paris 
Dimanche 18 Octobre 18. 30







MAGNETISME







L'impact de la chaleur est à redécouvrir à chaque extraction
Expérience primitive subjuguant le bon sens
Après l'oubli, l'inconsistance de l'oubli
Une mise bas radicale par les forces immuables
Soudain à découvert
Ecorché est le corps
Dos et jambes
Cou humide
Sous l'omnipotence 
Nu est l'étonnement
De se devoir tout entier à l'atmosphère
Humble et claqué au sol de stupéfaction
Face à cet autre visage de la puissance
Soudain
Au coeur des méandres
Un peu anhélant de la fournaise
Un ravissement
Rejoué, reconduit
La marche nuptiale d'une idylle toujours neuve
L'aveu déroutant d'une passion consommée
La lumière
Ostensible, lascive, gaillarde, magistrale
S'enroulant à la gorge, s'évanouissant d'aise
Un couple hypertrophié de perfection





 31 Août 2015







ASCENDANT











Rebondissant au rythme intouchable des lunes
Ouvertes au sol chaud des arènes sans mémoire
Les fesses abondantes des femmes syncopent l'optique
Assèchent les langues du jus mêlé de leur message
Voix aiguë enflée de désirs meurtris
Bulbes chatoyants advenus au fond de mondes opaques
Violence repue
Moelleux des masses ondulantes
Serrées au bas des reins par le fil ténu de la mesure
Obsession tutélaire
Caprice, indolence de la rupture







Août 2015 











PUISSANCE








Le ciel a le front bas
Le dos courbé sous la pression
Palpable dans la bouche comme un trop-plein de salive
Partout la pesanteur du gris des catastrophes possibles
L'épaisseur un peu figée des catastrophes possibles
Les vents dorment encore
Derrière les activités tenaces des hommes, ils dorment
L'air est chargé de leurs songes
Pas un seul mouvement qui ne transperce sa puissance
Les cyclones haussent leurs épaules
Les hommes les attendent
Le ciel ne les entend pas






Juin 2015




IMPRESSION








Sur les doigts, l'odeur brune de l'Aspidistra Eliator
Les boutures sont des offrandes
La terre s'exalte entre les paumes
Les verts s'imposent et se reproduisent à l'infini
Les créatures célèbrent l'avènement du végétal
Le révèrent comme un aîné
Un démiurge calme et doux  qui offre à loisir ses viscères
Contre un peu de patience et de recueillement
Parfois on demande aux oiseaux de se taire









Janvier 2015 




PRESTIGE








L'air devient mondain, les envies plus légères
Surpris par ce raffinement
On s'immobilise un temps
Emportés par l'éloquence de la nuit
Basculant dans des fantaisies anciennes
Tant d'élégance nous adoucit
Nous élève du sol où dans la chaleur sans nuance
Se sont, heure par heure, accumulées les cacophonies









  2 Janvier 2014